Laure Pichot est co-fondatrice de TharGo. Cet organisme de formation est unique en son genre. Il porte un engagement fort en faveur de l’égalité des chances. Derrière ces mots très tendances se cache une vraie démarche. Pour preuve, Il porte la labellisation ESUS (Entreprise solidaire d'utilité sociale).
Laure Pichot et Charlotte Limousin incarnent le changement actuel de notre société. Celui qu’on espère depuis longtemps. Le constat des inégalités pour elles est sans appel : il faut agir et agir en conscience. Ainsi, elles créent des formations à destination de celles et ceux qui en ont le plus besoin. L’exemple auquel nous nous sommes intéressées est celui de la POEC (Préparation Opérationnelle à l'Emploi Collective) - Création d'entreprise.
Valoriser l’empowerment des femmes
Le savez-vous ?
63 000 entreprises sont en faillite chaque année.
Seulement 30 % des entreprises sont créées par des femmes.
Et pourtant, selon l'étude de Women Equity for Growth. L'an dernier, sur l'échantillon étudié (toutes les PME affichant un chiffre d'affaires de 4 millions à 100 millions d'euros, soit près de 30 000 entreprises au total), 70 % des sociétés dirigées par des femmes ont été en croissance, contre seulement 67 % pour les entreprises à direction masculine, et ce, dans tous les secteurs. Source : bpifrance.
Même si les choses évoluent, l’égalité hommes/femmes est loin d’être une évidence. Et plus on monte les échelons et moins les femmes sont représentées. Il en va de même dans l’entrepreunariat. Il fallait faire quelque chose. C’est pourquoi une formation à la création d'entreprise, recrutant en priorité des femmes, a été créée.
Entre barrières sociétales, environnementales et mentales, les femmes entrepreneures font face à bien des blocages structurels et éventuellement émotionnels. Le “fameux” syndrome de l'imposteur joue les trouble-fêtes. La posture est mal assumée. Les co-fondatrices de TharGo ont souhaité aider ces femmes dans leur accomplissement. Elles ont voulu que leur programme POEC - Création d’entreprise aille dans ce sens.
Leur accompagnement se veut unique :
Il se déroule sur trois mois.
Il est exclusivement destiné à des personnes inscrites à Pôle Emploi
Il s’adresse prioritairement aux femmes qui ont un projet entrepreneurial.
Les projets doivent également s'inscrire prioritairement dans une des branches couvertes par l'OPCO EP, partenaire de la formation. C'est-à dire les branches des entreprises de proximité. C'est ainsi que la formation accueille des projets très variés dans le conseil, le digital, le service à la personne, la pâtisserie ou encore le up-cycling.
Entre autocensure, vie privée, charge mentale et accès aux financements plus complexes à obtenir, les freins sont nombreux.
Accompagner les femmes qui entreprennent
Laure et Charlotte ont souhaité ouvrir des champs d’exploration pour les femmes entrepreneures. Ainsi, le numérique et la RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) sont au cœur de leur programme de formation.
TharGo a aussi intégré 100 heures de travail sur les softs skills et du coaching. Ces derniers sont déterminants pour sécuriser les projets. On le sait tous, les freins psychologiques sont une “tannée” !
Combien de personnes dont le potentiel est gâché par auto-sabordage ? Bien souvent, ces aspects sont ignorés dans notre société. Il est difficile de montrer ses sentiments, de les exprimer, d’admettre ses faiblesses et encore plus d’assumer ses différences. A force de les nier, ils sont jugés comme anormaux. Hors, bien au contraire, ils sont les richesses de chaque individu. Ils sont les facteurs de succès des projets.
La somme des modules RSE, numérique et Soft Skills en fait un programme innovant et très différenciant.
Halte au numérique qui fait peur !
Alors que la révolution numérique est passée, toutes les entreprises en création doivent se saisir des opportunités offertes par le numérique pour gagner en efficacité et se développer.
Expertes en transformation digitale, les dirigeantes de TharGo ont souhaité intégrer un volet numérique, notamment en mettant en avant les outils "no code" dans la formation. Les outils "no code" sont particulièrement adaptés pour les entrepreneurs qui ont le souci de faire beaucoup, vite, avec peu de moyen.
Mais attention, les stagiaires n’ont pas vocation à devenir des experts numériques. Non, le but pour elles est :
d’être autonomes,
d’aller au-delà de leurs connaissances.
En amorçage de leur projet, cela leur insuffle une confiance structurante. Elles savent de quoi on parle. Voilà qui est libérateur !
Mixité, diversité, équité et RSE.
Le volet RSE est intégré dans les projets portés par les stagiaires. Pour beaucoup, c’est une évidence. Être acteur d’un monde plus responsable, plus respectueux des individus et de la planète est intrinsèque. Pour autant, le “comment” faire reste à trouver, à affiner.
Qu’elles soient restauratrice, pâtissière, directrice de crèche, consultante, dans le loisir, la mode ou dans le mobilier, toutes les entreprises doivent se développer de façon responsable. L’intégrer dans la formation était un accélérateur de prise de conscience, s’il en fallait.
Intégrer la RSE procure aux stagiaires une posture encore plus légitime. L’aspect de l’intégrité et de l’image de soi font d’elles des personnes alignées.
Cela fait partie des facteurs clés de succès. Objectivement, chaque projet a de la valeur. C’est l’après, la mise en place, le développement qui sont critiques. Et, ils le sont de part la mise en action des idées. La confiance en eux et leur projet est fondamental.
Chaque entrepreneur le sait, cette vie est pleine de hauts et de bas, de moments fabuleux d’euphorie, d’autres de déprime et de procrastination. Être préparé, savoir que tout cela est normal permet d’appréhender tout cela avec plus de lâcher-prise. La confiance et la résilience sont indispensables pour la réussite des projets.
Loin des yeux mais pas du cœur.
Le suivi post formation est un indicateur de performance. Il est effectué à la sortie de formation et 6 mois après. Il valide que toutes ces heures de formation ont eu des effets à court, moyen et long terme. Le questionnaire met une dernière brique au changement de posture des stagiaires. Ainsi, l’équipe de TharGo sait que, sur les quinze stagiaires de la promo n°1, douze ont monté un projet. Qu’en est-il un an après ? L’enquête est en cours.
TharGo souhaite passer un cap supplémentaire en créant une communauté d'entrepreneurs POEC. On pourrait dire un club des anciens où chacun pourra partager son expérience. Il y serait mené une réflexion commune.
L’action de formation vit. Elle se développe et s'inscrit dans le temps. Une promo 3 est en cours de sourcing. Des actions de stimulation de réseau sont envisagées. Laure a confié quelques idées pour faire bouger tout ça : apéro inter-promos, newsletter, zoom de co-développement… mais chut, ça reste entre nous !
Toutes ces actions incarnent bien les valeurs portées par Thargo : Plaisir, Fiabilité, Justice, Intégrité.
Depuis sa création, TharGo créé des formations expérimentales et alternatives, en propre ou en partenariat. La plupart du temps sur mesure, et inscrite dans une démarche d'amélioration continue, la qualité est une exigence de tous les programmes de TharGo.
Engagée jusque dans ses statuts et sur le terrain
L’agrément ESUS (Entreprise solidaire d'utilité sociale) implique une éthique labellisée. Il pose un cadre identifiable aussi bien en interne qu’en externe. TharGo vise un public à 90 % solidaire. Ce sont les demandeurs d’emploi, les jeunes éloignés de l’emploi ou de la formation, les réfugiés. La gouvernance est transparente.
Le sourcing est essentiellement effectué sur le terrain. Il se fait via :
le réseau Pôle emploi,
les missions locales,
les associations de terrain.
Pour le projet Paris Est Numérique, il s’est fait en partenariat avec Belleville Citoyenne, Garage Numérique et le CNAM. L’idée était de sensibiliser deux cents jeunes, habitants des quartiers prioritaires, sans BAC aux métiers du numérique. La suite du projet était, sur ces deux-cents, d’en former quatre-vingt. Pour recruter ces jeunes, il a fallu s’appuyer sur le maillage territorial ainsi que sur celui des associations de terrain.
Le numérique et l’écologie doivent être liés. C’est une évidence et aussi un apprentissage. La sensibilisation de l’écologie numérique fait partie des enjeux majeurs de TharGo.
Le numérique fait désormais partie intégrante de nos vies. La société doit s’emparer de ces sujets en mettant en perspective les démarches environnementales. Cela donne des entreprises responsables et dont les actions RSE sont alignées. L’écologie numérique est dans la continuité d’un développement économique responsable.
Jeu d’entreprises pour prise de conscience.
Durant la formation, on pourrait dire, que toutes ces entrepreneures tirent à blanc. Elles sont challengées sur leur projet. Elles éprouvent leur projet par des mises en situation. Elles le confrontent aux regards bienveillants des autres stagiaires via les ateliers en co-développement.
De plus, Oya-Agency a développé pour TharGo un projet unique de jeu d’entreprise. Le but est de balayer en un temps court l’ensemble des points abordés lors de la formation.
Durant 3 jours, on lance une idée, on monte une stratégie d'attaque du marché, on fait tourner le modèle sur une année comptable, on monte sa stratégie RSE, le tout en équipe et sans temps morts !
Éprouver ses acquis sur un projet fictif apporte une certaine prise de recul. L’aspect affectif des projets de chacun ne vient pas polluer les réflexions. Les prises de décisions sont ainsi plus simples.
Chaque stagiaire met en pratique les compétences acquises lors de la formation. Ce temps permet de valider les acquis pour les stagiaires. Il permet d’évaluer les compétences de chacun. Et les constats sont très positifs. Ce jeu d’entreprise permet de créer une dynamique de groupe. Il aborde toutes les facettes de la création d’entreprise et de la vie d’entrepreneur.e.
Ces trois jours représentent un pur plaisir. Ils permettent aussi de constater à quel point les stagiaires ont intégré les volets RSE dans leur projet.
Que ce soit sur :
les emballages
la gestion des invendus
les recrutement inclusifs
la gestion des déchets
le recours à des produits de saison et/ou locaux
le non-sucré
C’est dire comme ces démarches sont en passe de devenir la norme. Quelle bonne nouvelle !
Et l’avenir dans tout cela ?
Laure ne sait pas où sera TharGo dans dix ans. Tout ce qu’elle sait c’est que la croissance de la structure restera raisonnable. C’est un souhait profond. TharGo souhaite garder cette souplesse, cette agilité, ce modèle qui font sa force. C’est ce qui fonctionne.
TharGo est, et sera toujours, dans l’expérimentation. Il gardera sa démarche durable et environnementale. Ces sujets sont, et seront toujours, de former au numérique.
TharGo souhaite donner les armes afin de rebondir aujourd’hui et demain. Il souhaite un monde plus éthique et plus responsable. Tout est lié. C’est un cercle vertueux qui combine les convictions personnelles avec les valeurs professionnelles.
Aujourd’hui, TharGo c’est quatre personnes : quatre femmes aux expertises complémentaires. C’est aussi un réseau d’experts aux valeurs partagées. Et parce que “Small is beautifull”, il le restera.
Ensemble, on est plus forts. Nous sommes un tout. Un tout qui mue vers une transition écologique personnelle et professionnelle. A force, cela deviendra une norme sociale. Ce n’est pas moins que de se former à une version améliorée de soi-même.
Merci à Laure d’avoir partagé cette vision positive et solidaire de la société de demain et pour sa confiance renouvelée.
Merci à Céline, talentueuse entrepreneure de la promo number one, pour l’interview, l’article et la mission d’expertise en marketing digital auprès d’Oya Agency!
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